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Dans les pas de Robert
10 janvier 2023

La pauvreté des allemands

La récente enquête de la BCE sur les finances et la consommation des ménages a donné des résultats inattendus - contre toute attente, le ménage allemand moyen a moins de richesse que le ménage méditerranéen moyen. Dans la lignée d'une contribution récente de De Grauwe et Ji, cet article analyse les principales différences de richesse et de revenu entre les principaux pays de la zone euro.
L'enquête auprès des ménages (Banque centrale européenne 2013) est un projet conjoint de la BCE et de toutes les banques centrales de la zone euro fournissant des informations harmonisées sur les bilans de 62 000 ménages dans 15 pays de la zone euro (tous sauf l'Irlande et l'Estonie). 1
Le battage médiatique avait été généré par le classement des résultats médians de richesse des ménages des pays, notamment par le fait que :
L'Allemagne était à la dernière place avec 51 400 €.
L'Italie et l'Espagne étaient nettement au-dessus de la France avec un patrimoine égal à 173 500 € et 182 700 € respectivement, contre 115 800 € pour les ménages français.
Les moyennes de la richesse moyenne des ménages brossent un tableau très différent des récits actuels sur la richesse relative des nations de la zone euro. La dispersion relative des estimations est beaucoup plus faible : la moyenne des ménages allemands est de 195 200 €, tandis que pour la France, l'Italie et l'Espagne, elle est respectivement de 233 400 €, 275 200 € et 291 400 €. De plus, l'Allemagne grimpe de six places dans le classement des richesses.
Comme déjà noté par De Grauwe et Ji (2013), la position de l'Allemagne en bas du classement médian est simplement due à sa grande inégalité de richesse par rapport aux autres. Ceci est confirmé en observant que la concentration de la richesse, mesurée par un indice de Gini de 0,76, est beaucoup plus élevée en Allemagne, alors que pour la France, l'Italie et l'Espagne l'estimation est plus faible (respectivement 0,68, 0,61 et 0,58).
La taille du ménage compte
Cette analyse ne tient pas compte de la composition des ménages dans les différents pays. La répartition du patrimoine des ménages entre les pays est affectée par les différences dans les caractéristiques démographiques des ménages (âge, éducation, taille du ménage) :
Dans les pays du Nord, les ménages sont généralement de petite taille, souvent composés d'un seul membre.
Dans le sud, il n'est pas rare de trouver de nombreuses personnes, même de générations différentes (grands-parents, parents et enfants), vivant ensemble.
L'éclatement des membres du ménage produit une sorte de partage de la richesse entre les ménages qu'ils génèrent, comme cela se produit lorsque les jeunes membres quittent le ménage pour former une nouvelle famille.
Une façon simple de s'ajuster à la taille du ménage consiste à considérer les moyennes par habitant :
Le chiffre de richesse par habitant pour l'Italie et l'Espagne est de 108 700 €, légèrement supérieur à celui de la France (104 100 €) et de l'Allemagne (95 500 €).
Ainsi, les différences entre les moyennes par habitant sont beaucoup plus faibles que celles observées entre les médianes des ménages. En traitant des estimations d'échantillons, nous observons que la plupart des différences ci-dessus ne sont pas statistiquement significatives, bien que les estimations des comptes nationaux confirment que la richesse par habitant en Allemagne est un peu inférieure à celle de l'Italie, de l'Espagne ou de la France (de 3 %, 4 % et 11 % respectivement) (Banque centrale européenne 2013).
La variation du patrimoine entre les pays est également influencée par d'autres facteurs : le taux de possession de la résidence principale, l'évolution des prix des composantes du patrimoine et la propension différente à la sous-déclaration. Sur le premier point, le niveau de richesse des ménages est lié à la possession de la résidence principale : le taux est de 44 % en Allemagne, probablement en raison d'un rôle primordial du logement social dans ce pays, contre 55 %, 69 % et 83 % % en France, en Italie et en Espagne, respectivement. De plus, au cours de la dernière décennie, le prix des logements a beaucoup moins augmenté en Allemagne que dans les autres pays. Enfin, le patrimoine des ménages allemands se caractérise par une plus grande diffusion des actifs financiers, qui font plus fréquemment l'objet d'une sous-déclaration dans les enquêtes par sondage.
Il convient également de noter que la richesse des nations ne se compose pas exclusivement de la richesse des ménages, mais comprend également la richesse d'autres secteurs institutionnels (c'est-à-dire le secteur public). Selon les estimations de De Grauwe et Ji (2013), l'Allemagne fait partie des pays les plus riches de la zone euro en termes de richesse nationale.
Ainsi, il n'y a pas de différences substantielles dans les moyennes de richesse par habitant et que le battage médiatique est le résultat d'une lecture spécieuse d'une partie des résultats.
Revenu et pauvreté
D'autres indicateurs économiques brossent un tableau plus favorable à l'Allemagne :
Le revenu brut moyen des ménages allemands est d'environ 43 500 €.
Dans les trois autres pays, la moyenne se situe entre 31 000 € et 37 000 €.
Si l'on considère le revenu équivalent du ménage, une mesure des ressources disponibles au niveau individuel qui tient compte de la taille et de la composition du ménage, l'écart de revenu apparaît plus important : 2 le revenu équivalent brut moyen allemand est d'environ 28 000 € (la médiane 22 000 €), contre des moyennes allant de 19 000 € à 21 000 € (et des médianes de 15 000 € à 17 000 €). Même en tenant compte des différences de pouvoir d'achat des revenus dans les quatre pays, les résultats sont similaires pour les moyennes et les médianes. En bref, les Allemands ont un revenu significativement plus élevé par rapport aux citoyens des trois autres grands pays de la zone euro avec des statistiques de revenu équivalentes similaires.
Quant à la répartition de la pauvreté, la proportion d'individus relativement pauvres est calculée en adoptant un seuil de pauvreté unique (la moitié du revenu équivalent médian de la zone euro ajusté aux différents niveaux de prix 3 ) et un seuil de pauvreté spécifique pour chaque seconde définit clairement la pauvreté uniquement en termes de la position relative (et les prix) du ménage dans la répartition des revenus de son pays, tandis que la première traite tous les ménages comme appartenant à une même zone, bien qu'elle tienne compte des différences de niveaux de prix entre les pays. La figure 3 montre que les deux définitions ne produisent pas la même image. Dans la première définition :
La pauvreté apparaît plus répandue en Italie et en Espagne et moins répandue en France et en Allemagne.
En adoptant les seuils de pauvreté nationaux, la pauvreté est plus répandue en Italie et en Allemagne qu'en Espagne et en France.
Ces résultats ne sont qu'une petite partie de ce qui peut être obtenu en analysant la riche base de données à la disposition des chercheurs. Il serait intéressant de prolonger l'étude du comportement économique des ménages de la zone euro par des analyses prenant en compte les différentes dimensions (socio-démographiques, économiques et institutionnelles) de l'hétérogénéité transnationale tout en évitant les conclusions hâtives.

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